Experts en : Discriminations
CARDE, Estelle
Professeure agrégée
Je m’intéresse à l’incorporation du social, c'est-à-dire la façon dont l’état de santé des individus et des populations témoigne de leur vie en société. Plus précisément, je travaille sur les inégalités sociales de santé, à savoir les différences de santé produites par les rapports de pouvoir qui traversent la société. Après avoir étudié pendant plusieurs années les inégalités sociales de santé selon l’origine (immigrée et ethno-raciale), je mobilise aujourd'hui une perspective intersectionnelle pour comprendre l'intégration et la co-construction de diverses hiérarchies sociales (selon l'origine mais aussi le statut socio-économique et le genre, notamment) dans la fabrication d'inégalités sociales de santé.
JUTEAU, Danielle
Professeure émérite
LECLERCQ, Jean-Baptiste
Professeur associé
- État social
- Inégalités sociales
- Discriminations
- Action collective
- Politiques publiques
- Santé mentale
- Canada (Québec)
- Europe
- Espagne
- France
Jean-Baptiste Leclercq s’intéresse aux transformations de l’État social, aux inégalités sociales et aux discriminations. La « prise en charge » de publics stigmatisés par des politiques sociales ou éducatives est au cœur de ses analyses qui ont pour objet les pratiques institutionnelles.
Sa thèse de doctorat (Leclercq, 2007) porte sur la reconfiguration de l’État social et les discriminations en quartier stigmatisé. Il s’agit d’une enquête de terrain menée en Andalousie (Espagne) dans un quartier stigmatisé comme gitan, pauvre et ou marginal (Leclercq, 2009, 2010 et 2013). Il analyse le traitement et la (re)production de discriminations au sein de dispositifs d’insertion mettant en saillance la reconfiguration de l’État social : externalisation des politiques publiques au tiers secteur, décentralisation et activation de la protection sociale. Suite à son doctorat, il réalise un stage postdoctoral, sous la direction de Maryse Potvin, à l’UQAM et au Centre d’études ethniques des universités montréalaises (CEETUM). Il participe alors à une étude exploratoire (Potvin et Leclercq, 2010) documentant les trajectoires sociales et scolaires de jeunes de 16-24 ans issus de l’immigration en formation générale des adultes, puis à une recherche portant sur les processus de classement et d’orientation scolaire (Potvin, Leclercq, Vatz-Laaroussi, Steinbach, Armand, Ouellet, et Voyer, 2014).
En tant que chercheur principal, il a mené récemment une recherche comparative sur la reconfiguration de l’État social en Catalogne et au Québec et sur l’impact des pratiques de « travail communautaire » (Catalogne) ou d’« organisation communautaire » (Québec) sur les inégalités sociales, tout particulièrement dans le champ de l’habitation et de l’aménagement urbain. Alors que les politiques sociales ont tendance à individualiser les pratiques d’intervention, l’organisation/travail communautaire met de l’avant une approche collective des problèmes sociaux, d’où l’intérêt d’analyser ces pratiques marquées par la reconfiguration de l’État social en contextes de crise économique et de restrictions budgétaires. Le projet comporte trois volets interreliés : 1) la réalisation d’études de cas (un centre sociocommunautaire autogéré à Barcelone et un centre sociocommunautaire à Montréal); 2) l’établissement de « cartographies » des pratiques en organisation (ou travail) communautaire dans le champ de l’habitation et de l’aménagement dans les deux villes; 3) une réflexivité collective sur les outils de reddition de comptes et sur la capacité d’agir sur les inégalités sociales. Cette recherche s’est effectuée en collaboration avec Marta Llobet (Membre collaboratrice du CREMIS et professeure à l’UB) et s’inscrit dans l’entente signée entre l’Université de Barcelone (UB) et le CIUSSS-CREMIS. Ce projet a été financé par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH-Développement-Savoir).
Il également mené une recherche exploratoire sur les jeunes et la santé mentale en partenariat avec le Regroupement des auberges du cœur du Québec (RACQ). Elle s’appuie des groupes de discussions et des entrevues individuelles avec des jeunes en situation de rupture familiale et/ou situation de précarité, voire d’itinérance, qui ont été diagnostiqués en lien avec des problèmes de santé mentale. L’analyse des parcours de vie et trajectoire de service met en lumière les rapports complexes qu’entretiennent ces jeunes avec leurs diagnostics, la médication et diverses institutions. Des groupes de discussions ont également été menés avec des intervenants des Auberges du cœur. Cette recherche a été financée par le CREMIS et le RACQ.
Suite à cette recherche exploratoire, une recherche est actuellement menée avec Cécile Van de Velde (chercheure principale) et Nadia Giguère : « Les jeunes et la médication psychotrope au Québec : mesurer, comprendre, agir », en partenariat avec le Mouvement Jeunes et santé mentale. Cette recherche, qui comprend un volet quantitatif et un volet qualitatif, est financée par le CRSH (Engagement partenarial, 2018-2019).
Parallèlement, il participe au projet « Pratiques de première ligne en contexte d’inégalités sociales : élaboration d’un cadre théorique intégrateur des pratiques en santé et services sociaux » (Côté, Godrie, Gendron, Giguère, Karazivan, Leclercq, McDonald et Rose). Ce projet est financé par la Faculté de médecine et le Vice-décanat à la recherche, à la création et à l’innovation de l’Université de Montréal (2014-2020).
Jean-Baptiste Leclercq est porteur du champ « État social » au CREMIS. Il organise des conférences et des séminaires sur le sujet.
MCALL (RETRAITÉ), Christopher
Professeur titulaire
- Inégalités sociales
- Discriminations
- Racisme
- Pratiques alternatives de citoyenneté
- Histoire de la pensée sociale
- Sociologie du langage
Formation multidisciplinaire en littérature et langue anglaises, études celtiques, et histoire (BA, MA, DCS, D.Phil) à l’Université d’Oxford, et en anthropologie (postdoctorat) à l’Université McGill. En 2004, j’ai cofondé le Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiques alternatives de citoyenneté (www.CREMIS.ca), dont j’ai été le directeur scientifique jusqu’en 2018.
Mes intérêts de recherche portent sur deux domaines principalement :
- la perception des inégalités sociales et de l’égalité citoyenne dans l’histoire de la pensée sociale en Occident depuis le Moyen Âge;
- la documentation et l’expérimentation de stratégies d’action et d’intervention pour contrer les inégalités sociales et les discriminations et produire l'égalité dans le monde contemporain.
Dans le premier cas, je m’intéresse particulièrement à la transition entre le XVIIème et le XVIIIème siècle et au remplacement de l’individu «propriétaire de sa personne» par l’individu «maître de ses décisions» comme leitmotiv de la pensée sociale, ainsi qu’à la période fondatrice pour la pensée sociale actuelle à partir des deux dernières décennies du XIXème siècle jusqu’à la Première guerre mondiale. Plus largement, j’examine dans mes enseignements et mes recherches l’interrelation/succession des courants évolutionniste, organique, techniciste et constructiviste depuis le XIXème siècle, en lien avec les différentes traditions de pensée critique.
En ce qui concerne mon deuxième domaine principal de recherche, je m'intéresse aux inégalités sociales, aux discriminations et aux pratiques alternatives de citoyenneté dans le monde contemporain. J’entends par «pratique alternative de citoyenneté» une approche globale de l’être humain fondée sur les dimensions matérielle, relationnelle, corporelle, décisionnelle et temporelle de son bien-être (McAll, et al., 2014). Une telle approche peut s’appliquer à une variété de rapports et de populations, remettant en question ce que j’appelle la «réduction identitaire» qui réduit des populations entières à des traits négativement connotés, souvent associés à leur «nature» (sous la forme, entre autres, de l’âgisme, du sexisme, du racisme et du classisme).
Mes recherches sont fondées principalement sur la reconnaissance et l’écoute des savoirs expérientiels (et les personnes qui les portent), que ce soit dans les écrits qui nous restent du passé, ou auxquels on peut avoir accès de «vive voix» dans le temps présent. C’est dans ces témoignages, souvent négligés quand il s’agit de populations réduites à «servir» autrui, que nous pouvons retrouver des réflexions critiques qui peuvent aider à comprendre les inégalités et participer à la création de brèches vers un autre monde. Dans la traduction de ces témoignages dans une forme théâtrale que j’expérimente au Québec et en Europe depuis quelques années (notamment avec le groupe de théâtre Ras el Hanout de Mollenbeek en Belgique et dans les Ateliers internationaux de recherche et d’actions sur les inégalités sociales et les discriminations du CREMIS que j’organise depuis 2003 – 18e édition à Bruxelles en 2017) je découvre la puissance publique de ces paroles et leur capacité d’alimenter des débats citoyens, sous la condition de la présence de publics diversifiés composés de personnes partageant les mêmes expériences de vie et d’autres agissant en solidarité avec elles.
MOULIN, Stéphane
Professeur titulaire
- Inégalités sociales
- Travail
- Sociologie de l'éducation
- Santé mentale et bien-être
- Discriminations
- Inégalités socioéconomiques et méthodologie
- Méthodologie quantitative
- Quantification/catégorisation
- Entrée dans la vie adulte
- Analyse longitudinale
Mes intérêts de recherche portent sur :
- Les inégalités sociales dans les dimensions scolaires, de l'emploi et des revenus
- La sociologie de la quantification, avec un intérêt plus marqué pour les catégorisations statistiques dans les champs de l'éducation, de l'emploi et de la stratification sociale
- Les perceptions des injustices et les discriminations et le bien-être
SALLÉE, Nicolas
Professeur titulaire
- Déviance et contrôle social
- Droit et institutions pénales
- Savoirs et normativités
- Justice des mineurs
- Sexualités
- Histoire de la pensée sociale
- Discriminations
- Canada (Québec)
- France
Mes recherches s’intéressent aux manières dont les populations jugées déviantes ou non-conformes sont catégorisées, évaluées et traitées dans les sociétés contemporaines. C’est à ce titre que j’étudie, depuis une quinzaine d’années, les pratiques de suivi des jeunes délinquants en France et au Québec, telles qu’elles se déploient entre les murs (prisons, centres fermés, etc.) et hors les murs (probation, surveillance dans la collectivité, etc.). Mes travaux documentent notamment la prééminence croissante d’une logique de contrôle qui, sous des formes à des intensités variées selon les pays, fragilise les visées de réhabilitation que poursuivent historiquement les systèmes de justice des mineurs.
Je me suis aussi intéressé, dans le cadre d'autres projets de recherche, au suivi médico-légal de personnes jugées non criminellement responsables pour cause de troubles mentaux, ainsi qu’à la régulation pénale de la sexualité et au traitement judiciaire des violences sexuelles, en particulier de l'inceste. J’amorce depuis avril 2021 un nouveau projet, financé par le CRSH, sur les réactions sociales à la non-conformité de genre durant l'enfance en France et au Québec, et plus généralement en Amérique du Nord.
Je m'intéresse enfin à l'épistémologie des sciences sociales, à la question de leurs usages et de leur utilité, ainsi qu'aux liens qu'elles entretiennent avec des disciplines voisines, en particulier la psychologie et les sciences du psychisme.